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Non, les seniors ne sont pas responsables de plus d’accidents de la route que les autres conducteurs. Mais oui, ce risque augmente statistiquement à partir de 75 ans. Et oui, le vieillissement altère progressivement les capacités perceptives, motrices et cognitives nécessaires à la conduite.

Dans une démarche de prévention, Groupama propose aux membres de Générations Mouvement une série d’articles pour informer sans stigmatiser sur la responsabilité qui incombe aux automobilistes de s’assurer à tout âge de leur aptitude à la conduite. Et fournir des bonnes pratiques pour l’entretenir le plus longtemps possible.

Conduire en toute sécurité bien au-delà de 65 ans : un enjeu d’avenir

En 2019, la Sécurité routière comptabilisait 8 tués pour 100 blessés parmi les 65-74 ans et 16 pour 100 parmi les 75 ans et plus

Pour commencer, à quel âge devient-on « un conducteur senior » ? 65 ans selon la Sécurité routière qui distingue toutefois deux catégories : les 65-74 ans et les 75 ans et plus, âge à partir duquel il est communément constaté un affaiblissement des capacités à conduire.

La temporalité du vieillissement étant propre à chacun, l’âge n’est pas en soi un motif d’inaptitude à la conduite. Mais il est statistiquement synonyme d’une plus grande vulnérabilité face aux risques routiers.

À partir de 75 ans, un fort sur-risque d’accidents graves et responsables

En raison de fragilités, l’avancée dans l’âge est d’abord un facteur de sur-gravité des conséquences d’un accident routier pour les seniors eux-mêmes. Ceci, quel que soit le mode de déplacement (voiture, vélo, marche).
S’agissant de la responsabilité présumée des conducteurs dans les accidents mortels, quantitativement, les jeunes sont de loin les plus concernés. Le taux de responsabilité des automobilistes de 65-74 ans (dans 64% des cas en 2019) n’est pas non plus significativement supérieur à celui des 35-64 ans. En revanche, cette proportion progresse fortement dans la population des 75 ans et plus : en 2019, ces derniers étaient présumés responsables de 82% des accidents mortels dans lesquels ils ont été impliqués, devant les 18-24 ans (77%). Les principales causes à l’origine de cette responsabilité : un malaise (22%) et le non-respect des priorités aux intersections (18%), qui sont liées à la diminution de l’aptitude à conduire avec le vieillissement.

La voiture, outil d’indépendance et dernier rempart avant la « fin de vie »

Avec 13 millions de personnes en 2020, les 65 ans et plus sont déjà deux fois plus nombreux qu’en 1970. En 2050, ils représenteront un Français sur quatre avec aussi, d’ici là, une forte accélération de la part des 75 ans et plus dans la population générale (15% contre 9,5% aujourd’hui).
Les baby boomers se déplacent plus et ils sont aussi nettement plus motorisés que leurs aïeux : sur la même période, le taux d’équipement en voiture des 65-74 ans a progressé de 4% (à 83%) et même de 9% pour les 75 ans et plus (à 63%).  

Entre 2008 et 2019, le temps de déplacement quotidien des seniors a augmenté de 8 minutes.

La clé : connaître ses fragilités pour adapter sa conduite

Les 75 ans et plus utilisent la voiture pour 56% de leurs déplacements (+5% depuis 2008), tandis que l’usage de la marche (37%) et des transports en commun (5%) recule. Les raisons sont multiples : absence d’alternative en milieu rural, inhabitude des transports publics, fragilités du vieillissement insuffisamment prises en compte dans ces derniers… D’où un important enjeu, ces prochaines années, de développer une mobilité collective adaptée aux besoins des seniors où qu’ils résident.
Choisi ou subi, l’arrêt total de la voiture est l’étape ultime d’un processus d’adaptation qui s’opère généralement sur plusieurs années. La majorité des seniors sont en effet conscients de l’affaiblissement progressif de leurs capacités perceptives, motrices et cognitives. Avec le vieillissement, la prise de décision devient moins rapide, le champ visuel et la perception des contrastes diminuent. Et les conducteurs âgés évitent naturellement les situations les plus complexes : la conduite de nuit – elle devient déraisonnable au-delà de 80 ans –, par mauvais temps, aux heures de pointe… Avec l’avancée dans l’âge, on conduit aussi moins longtemps et moins loin.

La conduite de nuit devient déraisonnable au delà de 80 ans, par mauvais temps ou aux heures de pointe.

Visite médicale obligatoire : pourquoi elle fait débat

Contrairement à la France, treize pays européens conditionnent le renouvellement du permis de conduire des seniors à une visite médicale obligatoire – à partir de 60 à 80 ans selon les cas. Pour autant, son bénéfice en matière de sécurité routière n’est pas pleinement démontré. Première raison : l’accidentologie n’est pas strictement corrélée à l’âge mais d’abord à des maladies (épilepsie, diabète, démence…) qui peuvent survenir à tout âge. Deuxième raison : la difficulté à évaluer les performances d’un conducteur sur la base d’un examen médical, la conduite sur route en situation réelle étant le test le plus efficace.

Sources : Insee, enquête « Mobilité des personnes » 2018-2019 (SDES), « Enquête nationale transports et déplacements » (ENTD) 2008, « Bilan de l’accidentalité 2019 » en France (Observatoire national interministériel de la sécurité routière), conférence nationale « La mobilité des aînés : quels enjeux aujourd’hui ? » du 21 juin 2021 organisée par la Sécurité routière.
Crédit photos :  Jonathan Judmaier, Shilin Wang, Aya Takahashi – Pixabay

Cet article a 4 commentaires

  1. deyris

    Tres interessant . Où allons nous trouver ces articles? Merci

  2. JC.Cluzan

    Immense problème …. Dans la ruralite, l’utilisation de la voiture ne conditionne-t-elle pas le maintien à son domicile ?
    L’habitat participatif est-il une solution plus attrayante que l’EHPAD ?
    Peut-être aussi l’évaluation des capacités de chacun(e) est-elle une solution à laquelle nous devrons nous plier un jour ou l’autre?

  3. PAGET

    Bonjour,
    Sénior de 69 ans, je me suis prêté de bonne grâce à la participation d’un panel de tests sur la capacité à conduire pour les personnes d’âge avancé. Greffé, hypertendu, et diabétique, à l’issue de la batterie des tests statiques de réflexes et un test de conduite, il en ressort la conclusion suivante : « A ce jour, vous ne pourriez plus obtenir votre permis de conduire par méconnaissance de certaines règles du code de la route, mais vous n’êtes pas un danger sur la route ou en ville. Nous en avons tiré, avec l’examinateur, la nécessité de suivre quelques stages de remise à niveau du code et d’un petit surcroît d’attention au volant. Certes, un individu ne fait pas généralité, mais cela souligne que 2 éléments sont importants : l’organisation de stages gratuits pour la remise à niveau des séniors au code de la route et leur participation à ces prestations. Mes amis séniors, n’abandonnez pas le volant, il en va de votre autonomie. Philippe.

  4. Goulfier

    Merci pour votre article
    Beaucoup de seniors voient dans les véhicules automatiques ou électriques des facilités à la conduite en négligeant l’évolution de leurs réflexes acquis pendant de longues années sur véhicules traditionnels
    Leur vue est souvent bonne grâce en particulier aux opérations de la cataracte et leur prudence sur des trajets répétitifs courts masquent l’évolution de leurs capacités
    Un examen périodique des réflexes serait utile

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